Le nouveau tableau, acheté en 2021, illustre un abbé en prière, Bernard Campmans, agenouillé à une table de prière près du cercueil ouvert du bienheureux Idesbald. Le blason et la devise "Deo Duce" [Dieu comme guide], en bas à droite du tableau, sont clairement des références à cet abbé.
La peinture est à l'huile sur un panneau de bois. Une datation exacte est difficile à déterminer. Le nom du peintre ou l'époque à laquelle le portrait a été réalisé ne sont pas connus.
L'œuvre, suspendue pendant des décennies dans une chapelle familiale en Wallonie, était en mauvais état lorsqu'elle a été acquise. Cet état a probablement été causé par les conditions environnementales défavorables de la chapelle. Lors de la restauration, le support en bois se révéla finalement en bon état. La couche picturale de la peinture de Campmans était en bien mauvais état. Une restauration a été nécessaire pour réparer la couche de peinture et combler les lacunes. Au dos se trouve une représentation de Sainte Catherine, qui a été nettoyée et consolidée.
La peinture sur panneau mesure 56,8 cm de haut et 27,8 cm de large. C'est une représentation différente par rapport aux portraits connus de l'abbé Bernard Campmans de Douai (F). Il est entré dans la communauté à la fin du 16ème siècle comme moine sous l'abbé Laurentius Van den Berghe. À cette époque, la communauté résidait déjà à Ten Bogaerde. Les événements survenus pendant les troubles religieux ont réduit les bâtiments abbatiaux d'origine en ruines inhabitable.
Nous ne pouvons pas nous prononcer avec certitude sur l'âge des illustrations. Il semble qu'un panneau plus ancien ait été réutilisé pour le tableau de Bernard Campmans. Le dos du panneau présente une illustration découpée de Sainte Catherine. Ici aussi, il n'y a pas d'indications concrètes quant au peintre ni à l'époque à laquelle l'image a été créée. Les caractéristiques stylistiques suggèrent une œuvre du XVIIe ou du XVIIIe siècle. La représentation coupée de la sainte, dans laquelle il manque une partie de la tête et la couronne, indique que le panneau original aurait été retaillé. Cela semble indiquer que la représentation de Campmans serait un peu plus récente. Le restaurateur Frederik Cnockaert n'a trouvé aucune trace d'éventuelles représentations sous-jacentes lors de la restauration du panneau. Peut-être que des recherches plus avancées avec des radios et des analyses de pigments pourront permettre une datation plus précise.
Autres portraits de Campmans
Door de liturgische kledij en de uitdrukkelijke verwijzing naar de zalige Idesbald wijkt deze beeltenis van Campmans af van andere abtsportretten. Dat geldt ook voor de gekende portretten van Campmans, bewaard in het Grootseminarie Brugge: een statig abtsportret in de refter, een portret van de overleden abt en zijn voorstelling in de reeks grisailles (grauwschilderingen).
En raison de la tenue liturgique et de la référence explicite au bienheureux Idesbald, ce portrait de Campmans diffère des autres portraits d'abbés. Ceci est aussi valable pour les portraits connus de Campmans, conservés au Grand Séminaire de Bruges : un portrait majestueux de l'abbé dans le réfectoire, un portrait de l'abbé défunt et sa représentation dans la série des grisailles.
Sur la première représentation, Campmans est dépeint comme un abbé décisif, assis sur une chaise assez lourde. Les ruines à l'arrière-plan font référence à l'abbaye en ruine de Koksijde. L'abbé est vêtu d'un habit cistercien et porte un bonnet. L'anneau à la main droite, la croix pectorale et la devise sont des insignes typiques d'un abbé.
Par contre, l'effigie récemment acquise auprès d'un particulier montre l'abbé dans un contexte liturgique. Il est vêtu d'une robe de chœur richement décorée et d'une longue robe blanche, peut-être une albe. Certains des insignes typiques de l'abbé sont bien visibles, notamment la mitre, l'anneau d'abbé, la crosse d'abbé avec le suaire ou le pannisellus qui y est attaché. La représentation fait référence à des représentations plus anciennes d'abbés de l'Abbaye des Dunes, comme celle de l'abbé Christian de Hondt (1495-1509) sur le diptyque de 1499 du Maître de Brugge au KMSKA d'Anvers, le portrait de l'abbé Robert De Clercq (1519-1557), également au KMSKA, et les deux portraits de l'abbé Wydoot (1557-1566) à Bruges. Le portrait du jeune abbé Wydoot vers 1557/1558 sur un panneau d'un retable, par Pierre Claeissens, montre l'abbé en habit cistercien. Le second portrait, peint par Pierre Pourbus en 1564, peut être admiré aujourd'hui dans l'église St Gillis à Bruges.
Le portrait acquis et restauré de Campmans rappelle particulièrement le dernier portrait de l’abbé Wydoot sur le polyptyque d’autel de Pourbus “Scènes de la vie du Christ” (1564 – huile sur panneau) dans l’église St Gillis à Bruges. Pierre Pourbus réalisa son portrait environ sept ans après le portrait de Pierre Claissens, en représentant l’abbé Wydoot fortement vieilli, dans un contexte liturgique similaire. L’abbé est agenouillé devant un oratoire, avec la crosse et la mitre d’abbé, vêtu d’une robe blanche recouverte par un manteau de chœur décoré.
Identification de visages
En ce qui concerne le portrait acquis en 2021, il est frappant de constater la forte ressemblance du visage avec les portraits bien connus de Bernard Campmans. Le personnage semble être une version plus jeune de l'abbé - un visage un peu plus rond avec le nez typiquement droit, les mêmes sourcils, le même fard sur les joues, la moustache et la barbe... - priant près du cercueil ouvert du bienheureux Idesbald. Un cercueil qui attire l'attention par son positionnement sur l'oratoire et l'inscription B. Idesbaldus en lettres d'or sur le fond noir.
Le cercueil ouvert est également visible sur le portrait de l’abbé dans le réfectoire du Grand Séminaire. A cause de la souillure de l’œuvre, il n’est pas immédiatement perceptible. Nous le trouvons au niveau de la main gauche, appuyée sur l’écritoire, serrée entre le pouce et l’index. Sans doute la voyait-on mieux à l’époque, notamment parce que le peintre a peint “Deo Duce”, la devise de Bernard Campmans, en lettres d’or sur le fond noir.
Les vêtements liturgiques et le cercueil rappellent la politique de l'abbé, qui dirigea l'abbaye en pleine Contre-Réforme et la transféra à Bruges. Le cercueil, attribué au bienheureux Idesbald, fut exhumé parmi les décombres de la salle capitulaire quelques mois après sa nomination abbatiale et transféré à Ten Bogaerde. L'abbaye, sous le mandat de l'abbé Campmans et par la suite dans l'esprit de la Réforme catholique, encouragea aussitôt la dévotion autour de la figure d'Idesbald. Avec le déménagement de la communauté et du cercueil dans la nouvelle abbaye de Bruges, elle se rapproche d'un public plus large et plus nombreux auprès duquel la dévotion s'accroît plus rapidement.