Article du 01.05.2020

À la recherche d'autre chose qu'une énième série télévisée ou d'un best-seller rediffusé à l'infini ? Pourquoi pas une BD? La gamme est riche et variée, notamment en ce qui concerne les histoires inspirées du passé.

Les dessinateurs de bandes dessinées et les scénaristes s'inspirent souvent de l'histoire, interprètent des personnages historiques ou greffent leurs histoires parfois rocambolesques sur des événements historiques... Leur intention n'est pas de représenter fidèlement la réalité ou les faits. Tout est secondaire par rapport à l'histoire. Les faits, les personnages et les contextes historiques sont ainsi mélangés à leurs propres interprétations, éléments fantastiques et ajouts. Michel-Ange; le Banquet des damnés de l'auteur Didier Convard, du scénariste Eric Adam et de l'illustrateur Thibaud de Rochebrune, est une de ces histoires. Il s'agit d'une adaptation du roman éponyme de Convard, publié en 2012 chez Fayard.

Tout comme Dan Brown avec le 'Da Vinci Code', 'Anges et Démons' et 'Inferno', Convard aime se plonger dans l'ésotérisme. Il fait allusion à des intrigues, de préférence au sein de l'Église, en se référant à l'histoire primitive du christianisme. Il en va de même dans l'adaptation du scénariste belge Eric Adam et de l'illustrateur français Thibaud de Rochebrune. Dans cette histoire, Michelangelo, l'un des artistes les plus célèbres de notre histoire, résout trois meurtres remarquables à Milan avec l’aide de Vittore, le prévôt de Milan, et son assistant Menanzzo. Ces crimes horribles rappellent la mort violente du saint chrétien Jean-Baptiste.  

L'histoire se déroule au 16ème siècle, à Milan et dans l'abbaye cistercienne voisine de Morimondo. Après une introduction sur l'exécution de Jean-Baptiste, les personnages principaux sont présentés : Michelangelo, chargé de peindre le plafond de la chapelle Sixtine à Rome, et le prévôt milanais Vittore, qui reçoit la visite de son assistant Menanzzo lors d'un moment de tranquillité.

La recherche du coupable conduit Vittore, son assistant Menanzzo et, par la suite, Michelangelo à l'abbaye cistercienne de Morimondo. L'abbaye, fondée en 1134, est une filiale de l'abbaye française de Morimond, près de Dijon. Située à une quarantaine de kilomètres de Milan, après une période de prospérité, elle a connu un fort déclin dû aux pillages du 14ème siècle et à sa transformation d'abbaye en commanderie au 15ème siècle. Cette évolution historique n'est pas pertinente pour les auteurs et ils en font abstraction. Pour eux, l'abbaye est le cadre de leur thriller et, ce faisant, ils la dépeignent dans toute sa splendeur.

Les événements se succèdent rapidement. Le contexte et le rôle des différents personnages se précisent peu à peu dans ce récit ésotérique. Vittore, Menanzzo et Michelangelo doivent chacun faire face à leurs propres difficultés avant de pouvoir percer le mystère. En prime, à la fin de l'ouvrage, une brève interprétation du chef-d'œuvre de Michelangelo à Rome: le plafond de la chapelle Sixtine.

Cette bande dessinée est une bonne réécriture, parfois obscure, d'un roman historique, qui invite à de multiples lectures en raison de l'abondance d'informations et de références qu'elle contient. C'est un thriller idéal à lire en ces temps de corona feutrée, surtout si vous aimez les énigmes, le mystère et les intrigues dans un cadre historique authentique. Lorsque l'interdiction de voyager sera levée, vous aurez sans aucun doute quelques destinations à découvrir pour un voyage en Italie...

Didier Convard, Eric Adam, Thibaud de Rochebrune, Michel-Ange, le Banquet des damnés, Glénat, Grenoble, 2017.